« Maman Légumes » et la résilience au Sénégal

 

Par Esther Huerta García, Chargée de Communication/Médias Sociaux - OCHA Sahel Team

Dakar, Senegal. La définition du terme « résilience » est très large. Dans le monde humanitaire, le terme est connu comme « la capacité des populations à résister aux chocs ».

 De mon point de vue, une façon facile d´avoir une  définition concrète de la résilience est de mettre un pied dans le Sahel; au Sénégal, par exemple.  Ici, vous n´avez plus besoin de dictionnaires pour comprendre, puisque la résilience est un parfum qui se respire dans tous les coins.

Joséphine dans son stand de fruits et légumes- CRÉDIT: EHG

Joséphine en ai un exemple. Elle s´appelle Joséphine mais la plupart des gens du quartier la connaissent comme « Maman Légumes »



Maman Légumes gère un stand de fruits et légumes dans un quartier assez chic de Dakar. Elle a beaucoup de chance car ses clients ont toujours été nombreux. Beaucoup d´entre eux se déplacent de loin pour lui acheter des marchandises. Lorsqu´elle reçoit des oranges locales juteuses,  ses clients reçoivent un SMS « Bonjour, ici Maman légumes, j´ai reçu des belles oranges. Combien je t´en réserve ? ». Elle est très énergique, assure qu´elle travaille pour donner la meilleure qualité aux clients et fait des prix très compétitifs. Avec un beau sourire blanc, Maman Légumes vous donne la calculatrice à la fin des achats pour que vous calculiez vous-même le prix total: un geste de confiance.

Maman connait la résilience depuis très jeune, même si elle n´a jamais entendu ce terme concret. « Je viens d´une famille de 8 enfants . Ma mère vendait des fruits et des légumes aussi. J´ai passé peu de temps à l´école car très vite j´ai dû sortir pour aider ma famille. Cependant, j´y suis allé assez de temps pour comprendre beaucoup de choses ». Elle sourit. « C´est ce qu´on a dans la tête qui peut vraiment nous aider à sortir des situations difficiles ».

Joséphine a récemment déplacé et amélioré son stand de fruits et légumes. Les fortes pluies au Sénégal qui commencent en juillet e et s´étendent jusqu´en septembre avaient frappé son ancien stand et menacé son poste de travail. «J´ai vu la pluie  inonder mon stand de fruits plus de 10 fois ». Mais à chaque fois que son poste s´inondait, Maman Légumes prenait du courage. Avec l´aide de sa famille et amis, elle reconstruisait le stand.  «Moi, je suis comme-ca. Je suis positive. Quand je vois un problème, je redouble les efforts.» A ceci, s´est ajouté un nouveau défi : la construction d´un nouvel immeuble qui l´avait obligé à déplacer son poste dans un coin.

Maman Légumes semble très fière lorsqu´elle assure « il m´a fallu seulement 10 jours pour trouver une solution. Elle a profité de cette opportunité pour créer un nouveau stand de fruits, plus grand et dans une zone plus transitée. « J´ai réuni du courage, j´ai fait les contacts nécessaires  et j´ai trouvé une solution ». Joséphine a maintenant un stand de fruits et légumes qui mesure le double de l´ancien. Il est plus moderne et plus résistant et possède un grand toit qui le protège du soleil, du vent et de la pluie. «J´ai plus de travail maintenant. J´ai donc demandé à ma sœur de m´aider. Elle a beaucoup d´énergie, comme moi ». Elle regarde sa sœur avec un geste de complicité. Sa sœur lui répond avec un rire. «  J´ai réussi à conserver tous mes clients car je les ai avisé de mon déplacement un à un. À ceux-ci se sont rajouté des nouveaux ».

Le nouveau stand de fruits et légumes de Joséphine. CRÉDIT: EHG

Quand je lui demande ce qu´elle pense de la crise du Sahel, Maman légumes répond : «  Il y a trop de gens qui s´accrochent à la ville et abandonnent le village. Moi je pense que le future est dans l´agriculture ». Elle reste en silence quelques minutes avant de continuer à parler. « Les gens sont découragés car ils voient leurs récoltes détruite par la sécheresse et la pluie une et autre fois et cela devient trop compliqué pour eux. Ils préfèrent aller en ville chercher du travail facile ». Joséphine est confiante. « Je pense que l´une des clés est de dépendre de nous-même et d´acquérir les connaissances pour aller de l´avant  .Quelque fois dans la vie il nous faut un coup de pousse, mais il faut se lever et continuer".

Joséphine assure qu´« avec les connaissances nécessaires pour assurer de bonnes récoltes,  une bonne planification familiale, beaucoup de courage pour renouveler les efforts en temps de crise et l´aide de Dieu,  la pays pourra sans doutes sortir du cycle de la faim."