Que signifie la résilience au Sahel?
Par David Gressly, Coordonnateur humanitaire régional pour le Sahel
Dans presque toutes les réunions organisées sur le thème de la résilience auxquelles je participe, les 15 à 30 premières minutes sont consacrées à tenter de définir ce qu’est la résilience. En règle générale, il est convenu que la résilience est la capacité des familles, des ménages ou des communautés à absorber les chocs. Cependant, pour beaucoup de ceux qui n'ont pas assisté à ces réunions, cette définition est encore trop conceptuelle et ne donne pas une idée claire de ce qui doit changer dans la pratique. Pour parvenir à ériger la résilience des ménages et des communautés dans le Sahel, il faut que les personnes concernées comprennent de quoi nous parlons.
A mon avis, c’est en décrivant les conséquences de la sécheresse ou de l’augmentation du prix des aliments sur les ménages vulnérables que l’on clarifie cette question. Bien que d'autres problèmes tels que les inondations et les épidémies peuvent avoir un impact sur les ménages, l'accès limité à la nourriture constitue la grande menace à laquelle ils doivent faire face. L'accès à la nourriture peut être limité en raison, soit d’un déficit de production local, soit d’une augmentation du prix des denrées alimentaires ce qui prive les ménages vulnérables de la capacité d’acheter de la nourriture.
Que font alors les ménages pour survivre à une sécheresse ou à l’augmentation du prix des denrées alimentaires?
Dans un premier temps, il se peut qu’ils choisissent de retirer leurs enfants de l'école pour économiser de l'argent. Puis, ils réduisent le nombre de repas et la qualité des aliments qu’ils achètent. Ensuite, ils commencent à vendre leur bétail. Cette spirale s’accentue quand ces mêmes ménages s'endettent pour survivre et semer la récolte de l'année à venir. Une mauvaise alimentation contribue à une mauvaise santé et à des dépenses de santé dont ils n’ont pas les moyens.
Les décisions que ces ménages prennent pour survivre compromettent leur prospérité à long terme. Quand la sécheresse est finie, ces ménages ont érodé leurs moyens de subsistance et se retrouvent accablés par les dettes. Les enfants touchés par la malnutrition souffrent de problèmes physiques et développementaux qui les accompagneront pendant toute leur existence. Les enfants que l’on a retirés de l'école n’y reviendront peut-être pas. Par conséquent, les possibilités de gagner sa vie et d'offrir à leurs enfants une vie meilleure sont perdues.
Lors de sécheresses successives, comme c’est le cas dans le Sahel, les ménages éprouvent encore plus de difficultés à se relever. Davantage de ménages seront pris au piège et échangeront leur développement à long terme contre leur survie à court terme. C’est cette dynamique qu’il est possible de changer grâce à une approche du travail humanitaire et de développement qui repose sur la résilience. En règle générale, cette approche devra être mise en œuvre avec les ressources existantes car il est peu probable que de nouveaux financements importants soient alloués. Pour réussir, il faut mieux cibler les ménages vulnérables ainsi que les activités qui feront une réelle différence dans la vie de ces ménages.
L’organisation des Nations Unies a intégré cette approche aux activités qu’elle mène sur la résilience, tout comme l’ont fait de nombreuses ONG. Notre objectif est de faire en sorte que nos équipes de pays travaillent à identifier les ménages qui sont touchés par les crises alimentaires et nutritionnelles récurrentes au Sahel, et en particulier ceux qui sont affectés chaque année par une insécurité alimentaire et nutritionnelle chronique ainsi que par l'insécurité. C’est une des contributions majeures que les organisations humanitaires peuvent faire à l'appui de l’édification de la résilience.
Pour les dernières informations sur la réponse au Sahel, suivez @ DavidGressly
Je pense que les commmunautés saheliens développent des stratégies d'adaptation dans le contexte difficile des conditions de vie du Sahel parce qu'elles arrivent toujours à faire face péniblement aux crises alimentaires qui sont récurrentes dans cette zone. Maintenant, sont elles résilientes ? Je ne pense pas parce que même dans les années normales, les stratégies de vie sont construites dans plus de 50% par l'auto emploi ( vente de bois de chauffe, vente de produits de cueillette et artisanat) dans une zone pauvre en ressources forestière, donc vous imaginez si l'on doit vivre de la vente du bois et de la vente de produits forestiers non lignes, quelles peuvent être les marges de manoeuvre ! Alors en année de crise alimentaire, il est reste entendu que les ménages pauvres et très pauvres commencent l'auto emploi plus tôt. On peut affirmer que les sahéliens ont des stratégies d'adaptation très dynamiques parce que très habitués à vivre les crises alimentaires mais elles ne sont pas résilientes parce que dés que les chocs surviennent, l'exode, les travaux agricoles dans les champs des ménages nantis et l'aide alimentaire sont les stratégies de survie dans cette zone. Si cette population était résiliente, elle aurait vécu avec les fruits de sa propre production.
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