Au Niger, d’un camp de réfugiés maliens, une voix se fait entendre
Par Shushan Mebrahtu, UNICEF
Alors que le conflit au nord du Mali s’est aggravé, Fadimata Agali, 15 ans, a été obligée de partir de sa maison de Menaka, abandonnant sa famille et ses amis.
Fadimata et sa grand-mère se sont enfuies à pied au Niger. Elles se sont installées dans une tente improvisée au camp de réfugiés de Mangaize, à proximité de la frontière. Aissata, 12 ans, la sœur de Fadimata, les a rejointes plus tard.
Cette petite famille est en train de s’adapter à la vie de ce camp de réfugiés du Sahara balayé par la poussière.
« Nous sommes tous séparés les uns des autres »
Selon les estimations du HCR, plus de 50 000 réfugiés maliens ont traversé la frontière pour se rendre au Niger. La plupart ont été accueillis dans des camps de réfugiés ou des communautés d’accueil, dans des régions durement touchées par des pénuries alimentaires répétées et où l’accès aux prestations sociales est difficile.
Dans le camp, Fadimata se sent suffisamment en sécurité, à l’écart des traumatismes qu’elle a subis au Mali. Elle est en train d’apprendre à vivre avec la douleur causée par la séparation d’avec sa famille, ses amis et son foyer dans un pays étranger, dans des conditions de vie difficiles.
« Au Mali, j’étais dans ma propre maison, » dit-elle. « Ici, je vis sous une tente très mal protégée du soleil. »
« Mon père et ma mère sont à Bamako, » ajoute-t-elle. « Le reste de ma famille est toujours à Menaka. Mon père a fui Menaka quand la guerre a commencé. Il est allé à Bamako et y a trouvé un travail… »
« Nous sommes tous séparés les uns des autres ». Chaque semaine, Fadimata va voir les nouveaux arrivants qui viennent de Menaka pour essayer d’avoir des informations sur sa famille, pour savoir s’il ne se passe rien de nouveau.
« Je ne veux pas manquer mes cours »
Fadimata fréquente l’établissement scolaire de second cycle de Mangaize qui est proche du camp et où elle est en huitième année. « Quand j’ai commencé les cours à l’école, je me suis sentie perdue, dit Fadimata. Je ne connaissais personne. » Au fil du temps, elle s’est fait de nouveaux amis parmi la communauté d’accueil.
« Je sais que certains enfants ne vont pas à l’école et préfèrent rester au camp, dit-elle. Mais je ne veux pas manquer mes cours. »
Fadimata raconte ses journées. « Les jours d’école, je me réveille tôt, autour de six heures du matin, dit-elle. Je prépare le petit déjeuner et nous mangeons. Je pars pour l’école à 7 h 10. La classe commence à 8 h. Pendant la pause, je prends mon déjeuner à l’école avec mes camarades. À 13 h, je retourne à notre tente. Si ma grand-mère est malade, je prépare à manger pour l’après-midi. Si elle se sent bien, elle prépare un repas et nous mangeons ensemble. »
« Pendant les week-ends, je vais dans le village chez mes camarades ou bien ils viennent ici au camp, » dit-elle.
Pouvoir aller en cours signifie que l’éducation scolaire de Fadimata connaîtra moins d’interruptions. Mais, pour elle et les autres enfants du camp, l’école apporte aussi un sentiment de structure qui contribue à rétablir une routine ; en retour, elle permet d’atténuer les effets persistants du conflit et de la vie au camp.
Une grande ville et la nostalgie du foyer
Fadimata et sa grand-mère se sont récemment rendues à Niamey, la capitale du Niger. Là, pour la première fois depuis qu’elle a quitté le Mali, elle a vu sa tante. Cela a aussi été sa première visite dans une grande ville. « Niamey n’est pas comme Menaka, ce n’est pas comme Mangaize, ce n’est pas comme Gao, » dit-elle. « À Niamey, il y a de nombreux véhicules et beaucoup de gens qui circulent dans la ville. »
Fadimata a été heureuse de reprendre contact avec sa tante et d’explorer la ville. Tandis qu’on la conduisait à travers les rues de Niamey et qu’elle achetait des cadeaux sur les marchés importants pour les envoyer chez elle, à sa famille, elle se sentait envahie de sentiments mitigés. Alors que les jours et les mois se sont écoulés le désir de voir sa famille n’a fait que croître.
Peu après sa rencontre avec du personnel de l’UNICEF, Fadimata pu se rendre à Menaka pour rendre visite à ses parents qui sont rentrés chez deux. Elle est actuellement en congés scolaires pour une période de deux mois. Fadimata retournera à Mangaize quand, en septembre, l’école rouvrira ses portes.
L’UNICEF, en partenariat avec le HCR, des ONG et le Gouvernement d Niger, continue d’apporter une aide humanitaire aux réfugiés venant du Mali. Au nombre des interventions, figure l’apport de prestations concernant la santé, l’alimentation, l’eau, l’assainissement et l’hygiène. L’organisation investit aussi dans l’avenir des enfants par l’accès à l’éducation et la protection de l’enfance.
L’objectif est que 11 500 garçons et filles puissent poursuivre leur éducation scolaire dans les camps et les écoles des communautés d’accueil, que 15 000 enfants bénéficient d’une prise en charge psychosociale grâce à des espaces amis des enfants et que 1010 650 personnes disposent d’eau potable et d’installations sanitaires. L’UNICEF exprime sa reconnaissance envers les donateurs pour leurs généreuses contributions qui ont rendu possible l’intervention actuelle.
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