Souffrir de la malnutrition n’est pas une fatalité : la guérison d’Abdoul Aziz
Par Téning SENGHOR, Chargée de Communication Croix-Rouge Française
Dans le Sahel en 2012, 1,1 million d’enfants présentent un risque de malnutrition aiguë sévère et 3 millions un risque de malnutrition aiguë modérée. En 2012 la Croix Rouge (CR) française, avec le soutien financier de la Direction Générale de l'Aide humanitaire et Protection civile (ECHO) et en partenariat avec la CR nigérienne, a mis en œuvre un programme de lutte contre la malnutrition. Outre les activités de prise en charge d’urgence, des interventions à long terme sont nécessaires. L’objectif est de prévenir la malnutrition à travers l’éducation nutritionnelle de la mère et un paquet minimum d’interventions sanitaires de qualité. Renforcer la résilience nutritionnelle du couple mère-enfant leur permettra de surmonter les situations d’urgence et de retrouver durablement une vie normale.
Lorsqu’on se rend dans les structures de prise en charge des différents cas de malnutrition (modérée, sévère, sévère avec complications médicales), le nombre de mères et d’enfants en attente de soins interpelle. En période de soudure cette l’année avant les récoltes, le personnel des centres de santé, aidé par les volontaires de la Croix Rouge, s’activent à apporter une aide vitale aux enfants malnutris avec l’appui des partenaires qui fournissent les équipements, aliments thérapeutiques et médicaments nécessaires.
Au Niger, la situation nutritionnelle reste alarmante avec des taux élevés de prévalence, dépassant parfois le seuil d’urgence de 15% fixé par l’Organisation Mondiale de la Santé. Selon l’enquête nationale nutritionnelle de Juin-Juillet 2012, dans la région de Zinder, ce taux est de 15,9%, soit environ 1 enfant sur 6 souffrant de malnutrition, ce qui est supérieur au seuil d’urgence. Cela justifie la nécessité de renforcer l’appui en matière de prise en charge nutritionnelle notamment pour les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes et allaitantes, et ce, même en dehors de toute période de crise pour cette cible particulièrement vulnérable.
© CRF/Sylvain Cherkaoui
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En 2012, dans les deux régions, le programme appuie 58 Centres de Santé Intégré (CSI) assurant la prise en charge des enfants souffrant de malnutrition modérée et sévère, 4 centres de récupération nutritionnelle intensive, et une unité de stabilisation à Belbedji.
De janvier à septembre 2012 dans les deux régions, plus de 39 000 enfants ont été admis dans les centres de récupération nutritionnelle et 15 502 femmes enceintes et allaitantes ont été prises en charge par le programme.
En outre, les ambulances de la Croix-Rouge ont permis de transporter des enfants malnutris sévères avec complications médicales vers les structures de santé pour être pris en charge.
Abdoul au début de son traitement
© CRF/Sylvain Cherkaoui
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A son admission, Abdoul Aziz pesait 5 kg et après 13 jours d’hospitalisation, il en pesait 6,4kg).
"A sa sortie mon enfant avait grossi et n’avait plus de plaie à la tête. On m’a payé les frais de transport pour retourner chez moi après la guérison de mon fils. Je suis reconnaissante à la Croix-Rouge d’avoir pris en charge sur le plan médical et financier Abdoul Aziz. Sans cette assistance médicale et financière, je n’aurai pas pu me rendre à Tanout car je n’ai pas beaucoup d’argent. Je suis heureuse que mon enfant soit guéri."
Abdoul, 9 jour plus tard et 1.6 kilo plus grand. © CRF/Sylvain |
Aujourd’hui, Amina amène Abdoul Aziz en consultation pour un suivi régulier et bénéficie elle-même de conseils relatifs à l’intérêt de l’allaitement maternel, l’importance d’une bonne hygiène alimentaire et de repas variés et riches pour l’enfant. Amina dit aujourd’hui respecter ces conseils, d’autant plus qu’elle constate au quotidien l’évolution encourageante de l’état de santé de son enfant.
Le programme de prise en charge de la malnutrition aigüe globale a permis de sauver la vie de milliers d’enfants, notamment en situation d’urgence.
Toutefois et dans le long terme, les seuls programmes de prise en charge de la malnutrition ne permettront pas d’en réduire la prévalence au Niger. En effet, les causes de la malnutrition étant multiples et complexes, il faudra concevoir une réponse multisectorielle et intégrée.
C’est dans cette optique que la Croix-Rouge française a adopté une réponse multisectorielle, afin d’améliorer efficacement et durablement l'état sanitaire et nutritionnel de la mère et de l’enfant au travers des programmes suivants :
- La Nutrition à Assise Communautaire (NAC) à Zinder soutenue par l’UNICEF.
- Le volet sécurité alimentaire avec deux projets :
• Un projet permettant la Construction de Banques Céréalières, la Distribution d’intrants agricoles, l’Appui au maraichage et aux activités de transformation et l’Appui aux organisations paysannes
© CRF/Sylvain Cherkaoui
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- Un projet eau, hygiène et assainissement dans la région de Zinder, sous financement de l’Union européenne, afin d’améliorer l’accès à l’eau potable, à une bonne hygiène et à l’assainissement.
- Un projet relatif à la santé maternelle et néo-natale, financé par l'Agence Française de Développement (AFD) dans la région de Zinder. Ce projet vise à améliorer l’accès des femmes en âge de procréer à des soins de qualité dans le domaine de la santé de la reproduction, de la santé maternelle et néo-natale. Un projet de Prévention de la Transmission du VIH/SIDA de la Mère à l’Enfant, dans la région d’Agadez.
L’amélioration de la résilience nutritionnelle se fera donc à deux niveaux. D’une part, renforcer le système de santé existant permettra aux structures sanitaires d’être capables de prendre en charge efficacement le couple mère-enfant, indépendamment de la gravité de leur état sanitaire et nutritionnel. D’autre part, il faudra mettre en œuvre un maximum d’interventions préventives multisectorielles qui cibleront à la fois la mère et l’enfant.
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