WHD 2013

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Monday, February 3, 2014

Pauvreté et vulnérabilité au Sahel : cinq choses à savoir

 Par le Bureau pour la Coordination des Affaires Humanitaires


Le Sahel : c’est une région qui s’étend de l’extrémité occidental du continent Africain jusqu’aux berges de la mer Rouge, en longeant le flanc sud du Sahara et qui figure parmi les plus pauvres et vulnérables au monde.
 
En 2012 et 2013, face à la sécheresse et les conflits qui ravagent la région, la communauté internationale s’est mobilisé afin de venir en aide à des millions d’enfants, de femmes et d’hommes vulnérables, ce qui a permis d’éviter une catastrophe de grande envergure.
 
Mais les causes de cette vulnérabilité aigue restent entières. Nombre de communautés de la région, au Sénégal, en Gambie, Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad et au nord du Nigéria et du Cameroun, font toujours face à une situation désespérante.
 
Aujourd’hui, l’Organisations des Nations Unies et les partenaires humanitaires se réunissent à Rome pour lancer une stratégie sur trois ans pour endiguer cette vulnérabilité. Voici cinq points clés pour comprendre la crise que traverse la Sahel et les efforts des organisations humanitaires et de développement pour aider la population à y faire face et à la surmonter.
 
  1. Le nombre de personnes qui ne savent pas si elles auront de quoi se nourrir au prochain repas s’est multiplié par deux en un an. Au début de l’année 2013, environ onze millions de personnes se trouvaient en situation d’insécurité alimentaire. Aujourd’hui elles sont plus de 20 millions dont 2,5 millions qui ont besoin d’assistance humanitaire d’urgence pour survivre. Dans le sud-est du Niger par exemple, du fait de la sécheresse, des inondations et du conflit dans le Nigéria voisin, la population de la ville de Diffa ne peut produire suffisamment de nourriture pour subvenir à ses besoins. « Nous n’avons rien mangé depuis dix jours » se lamente Mohamed Dala. « Avant les inondations, je produisais 50 sacs de poivrons ainsi que du mais et du millet ».
  2. La sécurité alimentaire et la nutrition sont au cœur de la crise mais d’autres facteurs y contribuent. Cette année, près de cinq millions d’enfants sont en passe de souffrir de malnutrition modérée ou sévère. Dans tout le Sahel, plus 1,2 million de personnes ont fui la violence et l’insécurité, la plupart s’étant réfugié dans des pays alentours et mettent ainsi une pression additionnelle sur les ressources déjà limitées de ces pays. Ces populations sont très vulnérables aux maladies et épidémies. Du fait du manque criant d’infrastructures médicales beaucoup meurent de maladies bénignes.
  3. Il faut une nouvelle approche pour rompre ce cycle de la faim et de la vulnérabilité. La crise du Sahel est sévère mais elle n’est pas nouvelle. On ne peut plus répondre au cycle récurrent de crises par un cycle continu d’assistance humanitaire. Robert Piper, le Coordonnateur Humanitaire de l’ONU pour le Sahel s’exprimait en ces termes dès le mois de Septembre dernier : « Nous ne pouvons continuer comme cela, c’est intenable. A moins de changer notre approche, nous allons devoir venir en aide à un très grand nombre de personnes chaque année. » Cette année, l’ONU et les organismes d’aide s’engagent dans une stratégie sur trois ans pour répondre à ces défis de façon plus systématique. Les agences, expertes dans des domaines différents de l’assistance humanitaire tels que la nutrition, la santé ou l’eau et l’assainissement, ont conjointement développé des stratégies communes et complémentaires visant à répondre à la crise de façon globale.
  4. Les agences humanitaires travaillent avec les gouvernements ainsi que les acteurs du développement. L’étendue des besoins est telle qu’aucun organisme ne peut y faire face seul. Lors de l’Assemblée générale de l’ONU en Septembre dernier, la communauté internationale a adopté une stratégie intégrée pour le Sahel. Celle-ci met en exergue le fait que les besoins humanitaires ne peuvent être adressés indépendamment de considérations sécuritaires et des efforts en matière de développement. Les personnes déplacées par le conflit au nord Mali ont besoin de la paix et la stabilité avant même de recevoir une assistance pour relancer leurs productions agricoles ou reconstruire leurs cliniques. Les gouvernements et les agences du développement ont pour responsabilité de s’attaquer aux causes structurelles de la pauvreté et de l’inégalité qui rendent les populations aussi vulnérables aux chocs externes tels que les catastrophes naturelles et les conflits.
  5. Les agences humanitaires se disent convaincues de pouvoir faire la différence. Elles ont besoin pour cela des fonds nécessaires. Cette année, les besoins financiers des quelques 117 organisations qui apportent une assistance humanitaire à des millions de personnes dans neuf pays du Sahel s’élèvent à plus de deux milliards de dollars américains.
Comment seront utilisés ces fonds? Un million de dollars permettrait aux agences de mettre en place une infrastructure de base en eau et assainissement, essentielle à la survie de 40 000 personnes au Tchad. Avec 12,5 millions, la communauté humanitaire au Burkina Faso pourrait apporter une assistance nutritionnelle et médicale à 115 000 enfants souffrant de malnutrition sévère. Pour un peu moins de dix millions, ce sont pas moins de 500 000 enfants qui pourraient retourner à l’école et recevoir une éducation de qualité au nord Mali.

Monday, October 14, 2013

Robert Piper: Une nouvelle approche pour le Sahel


Le plus haut Responsable Humanitaire dans le Sahel déclare que les gouvernements, les donateurs et les organisations humanitaires ont besoin de changer leur manière de soutenir les personnes les plus vulnérables du monde.


Pour plus d'informations sur le Sahel visitez : http://www.unocha.org/crisis/sahel
Suivez  Rober Piper sur Twitter

Wednesday, August 28, 2013

Échange d'expérience au Sahel et dans la Corne de l'Afrique sur la gestion de l'insécurité alimentaire et la résilience


Film réalisé par le Groupe URD (Urgences, Réhabilitation, Développement)


La conférence « Exchange on Practices and Lessons Learnt on the Resilience in the Horn and the Sahel » a été organisée à Dakar les 2 et 3 juillet 2013 par le Bureau des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires et le Programme des Nations Unies pour le Développement.
 
 


Échange d'expériences au Sahel et dans la Corne de l'Afrique sur la gestion de l'insécurité alimentaire et la résilience from Groupe URD on Vimeo.

Elle a permis de faire ressortir les similarités et les différences entre ces deux contextes, y compris leur variabilité interne. Elle aussi permis de mettre en valeur des expériences tout à fait passionnantes : celles développées par OXFAM sur les systèmes de micro-assurance en Ethiopie ou celles mises en place par le gouvernement nigérien avec l’Initiative 3N, à titre d’exemple. Le rôle des institutions nationales a été mis en valeur avec le cas du Niger et du Kenya, celui des instances régionales avec la présentation de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (l’IGAD, Intergovernmental Authority on Development). Des approches originales, comme celle du Sila au Tchad et de sa « déclaration de Goz Beida », ont montré comment des dynamiques inclusives et remontantes pouvaient, en s’articulant sur une « réflexion résilience », faire bouger les lignes.
 
Les grands facteurs de contrainte, comme les phénomènes de spéculation, d’accaparement des terres, mais bien sûr aussi de natalité non contrôlée, induisant une pression toujours plus forte sur les ressources ou les changements climatiques en cours, ont été analysés en détail à l’aune des expériences de ces deux régions qui comptent parmi les plus fragiles du monde, mais dans lesquelles les sociétés, comme les systèmes pastoraux, sont extrêmement résilients.
 

Thursday, August 1, 2013

l'INITIATIVE AGIR

Vers la résilience des populations,


Par Cyprien Fabre, ECHO



Nous vous proposons ci-après une présentation de M. Cyprien Fabre, Chef du Bureau ECHO pour l'Afrique de l'Ouest, au colloque international sur "l'agriculture, la sécurité alimentaire et nutritionnelle" de l'Association des Femmes de l'Afrique de l'Ouest.





Monday, July 22, 2013

 

Mieux produire pour mieux vivre


Par World Vision Mali



A Barakolombougou, un village situé à une centaine de kilomètres de Bamako, les communautés espèrent récolter en abondance cette année. Leur espoir n’est pas seulement fondé sur la quantité de pluie, mais elles comptent sur la fiabilité des terres qu’elles ont apprêtées suivant des techniques de régénération naturelle assistée et de préservation de sols récemment acquises grâce à l’appui de World Vision.

« Avec une bonne pluviométrie, nous sommes certains de récolter abondamment cette année, et peut être même plus que nous n’aurions besoin pour notre nourriture », dit Fragnan Coulibaly, un sexagénaire et président du comité villageois pour la pratique de la régénération naturelle assistée, le FMNR (Farmer managed natural regeneration).

Après quelques séances de formation, les communautés ont réalisé que les déficits agricoles de ces dernières années n’étaient pas seulement liés à l’insuffisance des pluies, mais aussi à la gestion qu’elles font de leurs terres.

C’est ainsi que pour contribuer dans la recherche d’une solution durable à l’insécurité alimentaire quasi récurrente qui maintient les communautés rurales dans une situation de vulnérabilité permanente, World Vision a choisi la résilience pour rendre les communautés autonomes et responsables de leur devenir.

Grâce à l’appui du Gouvernement du Royaume Uni, l’organisation a mis en place un projet de résilience pour promouvoir la gestion communautaire des ressources à travers la régénération naturelle assistée et la préservation des sols par des techniques de lutte contre l’érosion tels que le cordon pierreux ou la technique du Zai pour retenir l’eau et aussi l’élaboration du compost qui augmente naturellement et considérablement la production agricole.

Quant à Mahamane Sanogo, Coordinateur du projet et Ingénieur agro-forestier « les communautés ont accueilli ces techniques avec un vif intérêt, car juste après la démonstration plusieurs personnes ont déjà commencé à pratiquer les techniques apprises dans leurs champs, ce qui nous laisse croire que d’ici peu, les paysans eux-mêmes pourraient répliquer les connaissances acquises aux communautés avoisinantes. »
 
Pour plus d'informations visitez www.wvi.org

Thursday, June 6, 2013

Une petite fille souffrant de malnutrition, un an après


From CARE



En 2012, les membres de l'équipe de CARE rencontraient au Niger Firdaoussou, une petite fille d'un an, sévèrement sous alimentée. Firdaoussou a alors bénéficié du programme d'urgences mené par CARE lors de la grave crise alimentaire qui a touché le pays. Découvrez le témoignage de sa mère un an après.

« Ma fille revient de loin ... »



2013 / CARE / Niandou Ibrahim

« Ma fille revient de loin... Un vrai miracle » ne cesse de répéter Adama Issaka en cajolant Firdaoussou.
 
Firdaoussou a maintenant deux ans et elle revient effectivement de loin. De très loin même. Elle a 24 mois et a passé la moitié de sa vie à lutter contre la mort. Une victoire contre la faim qui est fêtée chaque jour avec sa mère dans une émouvante complicité, pleine de sourires, de clins d'œil, et de gestes de tendresse.
 
Firdaoussou est née en mai 2011 dans le village de Bongoukoirey, dans la région de Tillabery. Les 10 premiers mois de sa vie, nourrie au sein par sa mère, la petite fille grandit normalement. Son père, lui, passe la plupart du temps en Côte d'Ivoire. En mars 2012, Firdaoussou commence à souffrir de malnutrition.
 
« Un grand nombre d'enfants tombaient malade, dépérissaient, mourraient. J'ai désespéré un moment. Vers le mois d'août, je pensais que Firdaoussou allait mourir... elle avait tellement maigri », se souvient Adama avec tristesse.


8 mois sans réserves alimentaires


En mars 2012, une déclaration conjointe du Gouvernement nigérien, de l'OCHA (bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU) et d'ONG internationales tirait ainsi la sonnette d'alarme :
 
« La situation des populations, en particulier des femmes et des enfants, se détériore rapidement.... La combinaison d'un ensemble de facteurs - déficits agricole et fourrager de la saison dernière, flambée des prix des denrées alimentaires de base, baisse de la valeur du bétail et niveaux élevés d'endettement des ménages suite aux crises précédentes, a considérablement affaibli les revenus et l'accès à la nourriture de nombreuses familles. Pour ces personnes, la période de soudure a déjà commencé : elles n'ont plus de réserves alimentaires jusqu'à la prochaine récolte prévue en octobre. »



Renforcer les capacités de résilience sur le long terme face aux épisodes chroniques d'insécurité alimentaire



2013 / CARE / Niandou Ibrahim
 
Dans le village de Bongoukoirey, presque toutes les femmes dont les enfants souffraient de la malnutrition n'étaient pas membres du réseau des femmes « Mata Masu Dubara ». Ce groupe de 99 femmes a été créé il y a plusieurs années, avec l'appui de CARE, pour renforcer leur résilience vis-à-vis des aléas climatiques.
 
Ainsi, à travers ces Associations Villageoises d'Epargne et de Crédit (AVEC) qui facilitent le développement d'activités génératrices de revenus, ces femmes ont mis en place un grenier à grains pour prévenir les ruptures de stocks survenant chaque année entre mars et septembre. Elles ont également aménagé des jardins potagers collectifs pour améliorer la nutrition des enfants.

 

Les mamans lumières, une approche nutritionnelle sur base communautaire


Une vingtaine de femmes référentes dans leurs communautés ont également été formées au dépistage de la malnutrition et à la prévention de la malnutrition maternelle et infantile (allaitement, prévention des carences, prévention sanitaire, soins de santé aux enfants ou aux femmes enceintes et allaitantes).
 
« Ces femmes, ces mamans lumière comme nous les appelons, sont également formées aux techniques d'animation afin qu'elles puissent mener ensuite des groupes de discussions dans leur communauté. Elles ont ainsi multiplié les séances de démonstrations culinaires pour expliquer aux autres mères du village quel type de recettes favorise la récupération nutritionnelle, notamment des enfants en bas âge », explique Hervé Bonino, responsable Programmes Sahel/Afrique de l'Ouest de CARE France.
 
Ces foyers d'apprentissage et de réhabilitation nutritionnelle (FARN) ontété développés par CARE au Niger depuis 2001 pour prévenir et réduire les prévalences de malnutrition aigüe à travers la prise en charge non médicale de la malnutrition sur base communautaire.
 
« Je n'ai jamais raté une de ces séances du FARN. Et ça se voit », explique Adama en regardant intensément Firdaoussou.

Une belle histoire de solidarité. Une histoire d'auto-réponse communautaire digne et efficace au problème récurrent d'insécurité alimentaire et nutritionnelle.
 
« L'approche communautaire développée par CARE mettant en œuvre des projets intégrés combinant la capacité de réponse sectorielle - ici les FARN - et l'autonomisation des femmes - à travers les AVEC - permet de renforcer les capacités de résilience des communautés bénéficiaires sur le long terme face à des chocs alimentaires sévères », conclut Hervé Bonino.

L'histoire d'Adama et de Firdaoussou n'est qu'un exemple de nombreuses vies sauvées à travers le projet « Maman Lumière ».

 Pour plus d'informations visitez www.care.org

Thursday, May 16, 2013

Rapport malnutrition 2013


Par l'Unicef




Un nouveau rapport de l'Unicef révèle le lourd tribut que payent les enfants du monde à la malnutrition. Un enfant de moins de 5 ans sur quatre souffre d'un retard de croissance, ce qui a des conséquences lourdes sur la santé, mais aussi sur tout le développement des pays concernés. Des solutions simples et efficaces, mises en oeuvre par l'Unicef, ses partenaires et les Etats, existent. Et participent ainsi à la lutte contre la pauvreté.





Pour plus visitez www.unicef.org
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Monday, May 6, 2013

Burkina Faso : la crise oubliée


Par Héloïs Ellien, Croix Rouge Française


 
Au Burkina Faso comme dans de nombreux pays sahéliens, l’hivernage s’annonce au gré des premières pluies chaudes que l’harmattan vient balayer dans un tourbillon de poussière qu’il suspend pour quelques mois au ciel, où s’accrochent les espoirs et les craintes des Burkinabè.

Espoirs de voir les pluies cesser pour ne pas avoir à compter par centaines les victimes des inondations. Craintes de n’en recevoir que trop peu et subir une des pires crises alimentaires de l’histoire du pays… Depuis quelques années, le Burkina semble polariser les conséquences directes ou indirectes des drames que subit l’Afrique de l’Ouest. Un poids difficile à porter pour ce petit pays enclavé.

De la crise alimentaire à l’afflux de réfugiés


Ils sont des dizaines de milliers à avoir fui les violences et traversé la frontière qui mène du Mali au Burkina Faso. Et leur nombre n’a fait qu’augmenter. A l’image de la mosaïque des communautés qui peuplent habituellement le Nord Mali, ces réfugiés sont Tamasheks, Touaregs, Bellas ou encore Peuls. Avant d’être transférés dans les cinq camps de réfugiés que compte aujourd’hui le Burkina, ils ont d’abord été accueillis dans des camps de fortune. Comme souvent dans un pays qu’une crise humanitaire vient frapper de plein fouet et avant même que l’aide internationale ne se mobilise, peu d’acteurs étaient présents pour assurer l’acheminement d’un minimum d’aide et de soutien. La Croix-Rouge Burkinabè (CRBF) était de ceux-là. Depuis plus d’un an maintenant, les différentes branches de la CRBF sont sans cesse sollicitées, aussi bien par les autorités nationales que par les acteurs internationaux, pour les distributions de biens de première nécessité, la construction d’abris, l’accès à l’eau et à l’assainissement, etc. Les volontaires répartis sur tout le territoire, comme les personnels du siège central, sont actifs sur tous les fronts de l’urgence, tandis que le nombre de réfugiés ne cesse de croître.
 


Une collaboration nouvelle


Au fil des mois, les contacts se sont multipliés entre Ouagadougou et Paris. Une délégation de la CRBF s’est même rendue au siège parisien de la Croix-Rouge française (CRF) afin d’envisager les modalités d’un partenariat entre les deux Sociétés nationales, pour tenter de répondre aux besoins immédiats, mais également en vue d’une collaboration sur le long terme. Car outre les crises récurrentes, la situation économique et sociale du Burkina Faso en fait l’un des pays les moins développés de la planète[1]. Une situation qui avait déjà amené les Croix-Rouge française et burkinabè à collaborer entre 2002 et 2004 et à maintenir des liens forts depuis une dizaine d’années.
 
 
 
 
C’est à travers l’angle psychosocial qu’a été mise en place une évaluation initiale, en octobre 2012. Encore trop peu développé lors des situations de crise, le soutien psychosocial aux populations s’est rapidement imposé comme une évidence pour Stéphan Richard. Délégué des missions internationales au sein de la délégation française de Côte d’Ivoire, ce psychologue de formation a été dépêché durant un mois au Burkina Faso. Au contact direct des réfugiés et au sein même des camps de Mentao, Damba ou Gandafabou, Stéphan a pu se rendre compte de l’ampleur des besoins chez ces populations déracinées, sans moyen de subsistance, sans écoute, parfois sans parent ou famille auxquels se raccrocher. C’est aussi leur capacité à se relever, leur résilience qui est mise en danger.

Favoriser la résilience des réfugiés et des populations hôtes


C’est par ce même constat qu’a débuté la mission d’Anne-Sophie Dupeyras. La nouvelle « représentante pays » a rejoint Stéphan Richard deux semaines seulement après le début des évaluations, avec pour objectif de mettre en place les futurs projets de la CRF au Burkina Faso. Pour cette ancienne travailleuse sociale et membre du pool urgence de la CRF, « le soutien psychosocial doit être la pierre angulaire de la collaboration entre les deux Sociétés nationales ». Et les événements récents ont malheureusement conforté les premiers constats. Depuis l’engagement des forces françaises et internationales dans le conflit malien, le nombre de réfugiés va sans cesse croissant. Et avec eux, le nombre de sollicitations pour leur venir en aide.
 
Ce secteur d’intervention, prioritaire pour la Société nationale de la Croix-Rouge, a su mobiliser l’intérêt de l’ensemble du Mouvement. La Croix-Rouge suédoise cherche actuellement à mobiliser des moyens lui permettant de soutenir l’initiative. Le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), qui est en charge de l’accueil et de la protection des réfugiés est aujourd’hui en demande d’opérateurs de terrain supplémentaires : « notre stratégie d’intervention psychosociale a attiré l’attention du HCR et nous sommes actuellement en négociation avec eux pour le financement et la mise en place d’activités dans troiscamps au nord du pays », raconte Anne-Sophie Dupeyras.
 
Des négociations qui, compte tenu de la situation des réfugiés, ont rapidement donné lieu à la naissance d’un premier projet d’urgence, toujours à l’initiative de la représentante pays : « connaissant notre expertise dans les situations d’urgence, le HCR a souhaité que nous prenions en charge les soins de santé des réfugiés sur un camp proche de la capitale où la CRBF et d’autres Sociétés nationales étaient déjà très actives dans le domaine des distributions, de l’approvisionnement en eau et de l’assainissement ». Après une phase d’évaluation rapide et le déploiement de trois délégués des équipes de réponses aux urgences (ERU), la CRF est aujourd’hui en phase d’initiation de ce projet visant à renforcer l’accès aux soins à proximité du camp de Saagnioniogo, mais également à la prise en charge de tous les patients référencés depuis les différents camps du pays jusqu’à la capitale.

Renforcer les capacités de la Société nationale


Les conséquences opérationnelles de la crise et le développement rapide de programmes d’urgence ont également rappelé à tous les membres du Mouvement international Croix-Rouge et Croissant-Rouge l’importance de la coordination dans le soutien à la CRBF. A l’initiative de son directeur national, les différents représentants de la Croix-Rouge belge, luxembourgeoise, monégasque, espagnole, française, ainsi que du Comité international de la Croix-Rouge et de la Fédération internationale, ont élaboré ensemble un plan de contingence. Destiné à mieux anticiper les différents scénarii à venir et surtout, les ressources et moyens à mettre en œuvre dans la capitale et les différentes provinces. Pour tous, la coordination reste un enjeu majeur, tant dans la réponse immédiate aux besoins que dans la construction de stratégies de développement pérennes.

De nombreux défis à relever


La stratégie d’intervention de la CRF ne s’arrête effectivement pas seulement à la seule réponse directe à la crise malienne. En effet, les sites d’accueil des réfugiés maliens sont situés dans des zones de vie où les populations hôtes sont extrêmement paupérisées. Leurs besoins doivent ainsi être pris en compte au même titre que ceux des réfugiés, pour préserver un cadre propice à la culture de paix et de non-violence si chère à la population burkinabé. Les différentes évaluations menées sur le terrain auprès des populations ont mis en exergue d’autres types de besoins, nécessitant une approche transversale et complémentaire aux activités de la CRBF et des autres Sociétés nationales. C’est à ce titre que la province du Soum a attiré l’attention de la Croix-Rouge française. Située au nord du pays, cette région du Sahel est particulièrement pauvre. Régulièrement touchée par des périodes de forte insécurité alimentaire, elle accueille aujourd’hui près de la moitié des réfugiés maliens.
 
 
 
 
En complément des activités actuellement menées par d’autres Sociétés nationales (sécurité alimentaire, prévention et prise en charge de la malnutrition, amélioration des conditions d’accès à l’eau), la CRF finalise actuellement la conception de deux projets : le premier destiné à soutenir les agriculteurs des zones rurales et le second - soutenu par la Fondation Chanel - visant à améliorer les conditions de vie et l’autonomisation des femmes. En apportant outils, moyens et ressources de départ à des foyers ne possédant rien ou presque, la CRF souhaite leur permettre d’accroître leurs rendements agricoles par l’introduction de techniques innovantes et la mise à disposition de machines et outils, notamment. L’objectif est de générer des revenus, de promouvoir les rencontres entre ces communautés (réfugiées ou autochtones) et les autorités publiques, de créer des réseaux transversaux et viables.
 
L’abnégation de la population burkinabé et de la Croix-Rouge est à l’image de l’engagement fort et sincère du gouvernement qui reste très attentif aux besoins des populations réfugiées. Si le « pays des hommes intègres » a malheureusement pris l’habitude de faire face à bon nombre d’épreuves, jamais il n’a été confronté à une telle situation. Alors que le Mali voisin reste la priorité des médias et des bailleurs internationaux, le Burkina Faso ne doit pas être oublié. Et dans ce combat quotidien pour alléger les souffrances, toutes les initiatives comptent.

Pour plus d'informations allez sur www.croix-rouge.fr
Suivez la Croix Rouge Française sur Twitter

Thursday, April 25, 2013

Au Mali, une meilleure information sur l’allaitement au sein sauve des vies d’enfants

 

Par Nena Nedeljkovic


Au Mali, un programme lutte au niveau local contre la malnutrition. L’allaitement exclusif au sein sauve les vies. Aminata Coulibaly, du village de Kesso, dans la région de Sikasso, a pu observer directement son impact.


Malnutrition aiguë


Aminata Coulibaly a perdu ses deux premiers enfants à cause de la malnutrition aiguë. Parce qu’elle n’était pas au courant de l’importance de l’allaitement exclusif au sein pour les enfants jusqu’à l’âge de six mois, Aminata nourrissait ses deux premiers enfants de beurre de karité et d’eau chaude, une préparation extrêmement courante localement.
 
Le mélange faisait gonfler leurs petits ventres sans leur apporter les nutriments dont ils avaient besoin. À cause de la lourdeur de la préparation et des difficultés de digestion dans leur petit estomac, les enfants dormaient de longues heures, donnant à Aminata Coulibaly la fausse impression qu’ils étaient correctement alimentés.
 
Par la suite, à cause de la malnutrition aiguë qui a résulté de ce régime, les deux enfants sont morts.


Soutien au sein de la communauté

 
© UNICEF Mali/2013/Nedeljkovic
Les efforts de communication de l’ASDAP, un partenaire
de l’UNICEF, ont produit des changements dans la région
de Sikasso, au Mali. Les enfants sont en bonne santé et
s’épanouissent grâce à l’allaitement exclusif au sein
et à des compléments alimentaires appropriés.
Aujourd’hui, le troisième enfant d’Aminata Coulibaly, Chatta Dembelé, est un bambin en bonne santé et heureux, grâce à l’appui apporté à la communauté par l’Association pour le soutien du développement des activités de population (ASDAP), en partenariat avec l’UNICEF.
 
L’ASDAP est une ONG partenaire de l’UNICEF qui a pour objectif de faire connaître aux communautés de la région de Sikasso, outre les autres comportements familiaux indispensables, l’importance de l’allaitement exclusif au sein. L’UNICEF apporte une assistance technique et financière à l’ASDAP depuis 2008 pour qu’elle fasse passer une meilleure information dans les villages de la région.
 
La coordinatrice de l’ASDAP, le Dr Aïssata Traoré Diakité, a travaillé avec les femmes du village. Selon elle, le plus grand changement apporté concerne l’estime de soi des femmes. Se rencontrant tous les mardi au bureau de l’ASDAP à Koutiala, les femmes apprennent, font connaître leurs histoires, partagent leurs expériences, chantent et dansent. Après les séances, elles partagent chez elles, avec leurs maris et leurs familles, les connaissances qu’elles ont acquises, propageant ainsi les informations au sein de leur communauté.


Soutien pour les Maliens déplacés


Depuis le début du conflit au Mali, Sikasso accueille les Maliens du nord déplacés à l’intérieur du pays. L’ASDAP a travaillé avec ces familles pour leur apporter aussi des informations essentielles en vue d’un changement de comportement.
 
Nana Assarkiné s’est enfuie de Douentza, dans la région de Mopti, en 2012. Elle est arrivée à Koutiala où sa mère, Lala Touré - responsable qualifiée de la communication à l’ASDAP  mais aussi musukoroba (chef de communauté et de famille) -  lui a suggéré de passer du temps avec les autres femmes participant aux séances de l’ADSAP.
 
« L’ASDAP m’a aidée à mieux comprendre l’importance des moustiquaires pour la prévention du paludisme, » dit Nana Assarkiné. Les dépenses de santé de sa famille ont été réduites, ses cinq enfants tombant moins souvent malades grâce aux moustiquaires.
 
Ces séances ont aussi apporté à Nana Assarkiné le soutien psychosocial dont elle avait besoin à la suite de son départ de Douentza.


Nécessité de transposer les programmes à plus grande échelle


La région de Sikasso est le grenier du Mali, approvisionnant les autres régions du pays en fruits, légumes, viande et céréales. Pourtant, Sikasso est la région la plus mal alimentée du pays avec un taux de malnutrition chronique de 35,4%.
 
Une partie du problème tient à ce que les producteurs locaux vendent presque tout ce qu’ils cultivent, ayant du mal à comprendre l’importance de ce qu’ils produisent. Par conséquent, il leur reste très peu de choses pour nourrir leurs enfants.
 
Les aspects culturels jouent aussi leur rôle dans la malnutrition de l’enfant. En particulier, les enfants ne sont pas vraiment perçus comme des membres de la famille jusqu’à ce qu’ils deviennent productifs et contribuent au revenu familial. Les chefs de familles obtiennent en premier la plus grande part de la nourriture, ce qui a un impact significatif sur la santé des enfants.
 
Mais la diffusion d’informations, comme celle qu’organise l’ASDAP,  est en train d’amener les changements de comportements nécessaires au niveau de la communauté.
 
Une action plus importante est nécessaire pour produire les autres changements de comportement indispensables dans la région. Face à l’avenir, davantage de partenariats appuyant les responsables locaux des services sanitaires et sociaux doivent être mis en place afin que les programmes puissent être intensifiés.
 
Pour sa part, l’UNICEF espère pouvoir aider les autorités locales en termes d’une meilleure organisation et d’une meilleure communication ainsi qu’épauler les ONG locales pour mener plus avant les changements de comportement.
 
Pour plus visitez www.unicef.org
 

Tuesday, April 16, 2013

Jean-Louis Mosser, Expert santé pour
le département d'aide humanitaire
de l'Union Européenne (ECHO)

Point sur la santé au Mali


Propos recueillis par Anouk Delafortrie, Commission Européenne / ECHO



Trois mois après le début de l’intervention militaire au Mali, la situation reste extrêmement volatile dans ce pays qui se trouve en situation précaire au niveau humanitaire, alimentaire et nutritionnelle. Les populations maliennes réfugiées et déplacées n’ont pas encore entamé de voyage retour en masse, ce mouvement de retour ne pouvant se réaliser que suite à un rétablissement des services de base ainsi qu’à de meilleures conditions de sécurité dans le nord du pays. Jean-Louis Mosser, expert santé pour le département d’aide humanitaire de l’UE (ECHO) en Afrique de l’Ouest, revient d’une mission au Mali et décrit la situation.

Quel était le but de ta mission au Mali ?


J’y suis allé pour faire le point sur la situation sanitaire. J’ai rencontré toutes les ONGs médicales, partenaires d’ECHO, qui travaillent sur des projets d’urgence dans le nord du pays.

Lors de ma dernière visite en décembre, les groupes d’extrémistes occupaient toujours les régions du nord et une menace permanente sévissait sur les districts au nord de Mopti qui n’étaient plus administrés. Malgré la présence de quelques ONGs, la couverture sanitaire était incomplète, notamment dans certains districts de la région de Gao et de Tombouctou.

L’intervention militaire a permis de chasser ces groupes d’extrémistes hors des villes principales et des axes routiers. Mais, aucune administration ne s’est encore concrètement réinstallée. Certains directeurs de la santé s’apprêtent à revenir, mais de manière provisoire, pour évaluer la situation.

Sans la présence de préfets, ni de responsables des districts sanitaires, le personnel médical des centres de santé ne revient pas. Quelques infirmiers seulement sont rentrés car ils savent que des ONGs sont sur place et apportent des médicaments. Ce sont les ONGs qui assurent les soins de santé dans le nord et ce sera certainement le cas jusqu’à la fin de l’année.

Quels sont les problèmes majeurs dans le domaine de la santé ?


Le manque important de soins préventifs et médicaux, la barrière financière qui empêche les plus pauvres d’avoir accès aux soins de santé ainsi que des structures de santé peu fonctionnelles sont les principaux problèmes constatés. Trop de personnes, et surtout des enfants de moins de cinq ans, meurent de paludisme et de diarrhées, faute de soins. Le Mali affiche le troisième taux de mortalité infantile le plus élevé au monde.

Au nord de Mopti, nous découvrons également un taux de malnutrition sévère. Globalement, depuis l’année dernière, nous observons une dégradation de la sécurité alimentaire et nutritionnelle comme partout ailleurs dans le Sahel. La situation est toutefois probablement pire au Mali en raison d’une prise en charge d’enfants mal nourris qui a fait défaut dans le nord suite au conflit et, d’une manière générale, à la faiblesse des services de santé étatiques. Un dépistage actif des cas de malnutrition n’est toujours pas possible dans tous les villages. Ceci dit, la référence des cas détectés d’enfants mal nourris et leur prise en charge se sont nettement améliorées grâce aux ONGs qui ont su rester actives et présentes au Mali.


Quelle est la stratégie d’ECHO par rapport au secteur de la santé ?


En décembre dernier, ayant identifié des lacunes majeures en terme de couverture sanitaire, nous avions demandé aux ONGs présentes si elles pouvaient étendre leur rayon d’action et nous avons contacté de nouveaux partenaires pour compléter le dispositif. Aujourd’hui, la couverture sanitaire dans le nord du pays est bien meilleure même si elle n’est pas encore totalement satisfaisante.

Nous essayons d’offrir un paquet minimum de soins médicaux et préventifs, un traitement correct de la malnutrition et un système de référence fonctionnel. Ce paquet minimum n’est pas respecté partout, mais nous essayons de faire en sorte que chaque district ait un centre de santé de référence qui fonctionne correctement. Nous ne pouvons pas siéger partout comme une administration. Nous privilégions donc les endroits fortement peuplés, les axes routiers, les villes et les gros bourgs afin de réduire une part importante de la population qui n’a pas accès aux soins de santé. J’estime que globalement nous soutenons en moyenne 40% des structures de santé existantes et que ces structures couvrent les besoins sanitaires de 60 à 70 % de la population totale du Nord du Mali.

Quelles sont les conséquences de l’insécurité persistante ?


Cela peut paraître paradoxal, mais avant l’intervention militaire internationale, les interlocuteurs étaient connus par les ONGs qui avaient réussi, petit à petit, à créer un espace humanitaire étroit. Les cliniques mobiles pouvaient circuler sans être ‘rackettées’ ou sans courir le risque de sauter sur des explosifs. A présent, la plupart des cliniques mobiles sont suspendues/à l’arrêt. La tendance est de soutenir des centres de santé de façon plus permanente grâce à du staff qui reste en place. Cela pose évidemment un problème, notamment lorsqu’il faut faire face aux épidémies quand des déplacements sont nécessaires pour faire les investigations et qu’il faut contrer ces épidémies. Heureusement les épidémies de rougeole de ces derniers mois à Kidal et Ansongo ont pu être correctement gérées par des ONGs.

Pour quand la passation aux autorités sanitaires ?


Il existe un plan de retour des autorités mais vu la situation d’insécurité, les conditions ne semblent pas encore réunies pour que cette transition ait lieu très prochainement. Quand la majorité des services de base sociaux et administratifs seront remis en route, nous pourrons y songer.

Les médecins qui se sont réfugiés à Bamako ont aidé les ONGs à trouver des référents, c’est-à-dire des personnes qualifiées qui sont restées sur place. Au quotidien, celles-ci s’associent à l’administration de Bamako et à l’ONG. Cela se passe relativement bien.

Entretemps, la majorité du personnel médical a été réaffecté vers d’autres régions. Dans le nord, les banques restent fermées, il y a une pénurie de ‘cash’, de vivres, et toujours de l’insécurité… Nous serons certainement encore en mode d’urgence jusqu’à la fin de l’année.

Pour plus visitez http://ec.europa.eu/echo/
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Tuesday, April 9, 2013

Un autre regard sur la situation des femmes déplacées au Mali

Par Habibatou Gologo,Coordinatrice Média et communication, Oxfam GB Mali


Kadidiatou Yara est chargée de programme Education et coordinatrice d’un projet d’Oxfam destiné à maintenir les filles scolarisées dans la capitale du Mali, Bamako, depuis 2010. Elle a fait partie de l’équipe d’Oxfam qui a conduit une évaluation en février 2013 dans les régions de Mopti et de Ségou, au centre du Mali. Elle nous raconte ci-dessous le déroulement de cette mission d’évaluation et le choc qu’elle a eu lors de ses rencontres avec des femmes déplacées.

L’objectif de notre mission était entre autres de mesurer l’impact du conflit en cours au Mali sur la population déplacée, les communautés hôtes et les personnes aux revenus faibles.

Notre équipe était composée de sept personnes représentant chacune un domaine de compétence différent comme la logistique, la sécurité alimentaire, l’hygiène et l’assainissement, le suivi-évaluation et la communication. Je m’occupais de l’aspect protection et ne travaillais donc pas de la même façon que les autres membres de mon équipe parce que mes groupes de discussion étaient uniquement réservés aux femmes et jeunes filles et abordaient des sujets qui requièrent beaucoup de discrétion.
 
A la périphérie

Cette précaution m’a permis d’avoir un autre regard sur les quelque 200 femmes avec qui j’ai pu discuter à Sévaré, Konna, Douentza et San* au cours d’un périple d’une dizaine de jours sur plus de 1500 kilomètres.

Mon impression personnelle, au-delà du travail d’Oxfam, était un sentiment de compassion pour ces femmes qui ont quitté leurs foyers pour s’installer dans un environnement malsain. Elles vivent en insécurité, et dans des conditions précaires, dans des maisons de location ou des maisons inachevées, souvent à la périphérie des zones urbaines.

Kadidiatou Yara est allée à la rencontre de femmes déplacées dans plusieurs villes du
Mali, notamment à Konna (Habibatou Gologo, Oxfam)
 
 
Des difficultés différentes d'une ville à l'autre

D’une ville à l’autre, les difficultés rencontrées par les femmes ne sont pas identiques. Par exemple à Konna et Douentza,  où l’armée a procédé à des frappes aériennes,  il n’y a pas beaucoup de déplacés et  les besoins exprimés sont principalement l’eau et l’électricité.

Alors qu’à Sévaré, où on trouve de nombreux déplacés, les femmes, bien que recensées par les autorités, déplorent un manque de soutien qui, pour elles, se traduit par leur non accès aux dons distribués par les différentes organisations. Ces femmes vivent  en permanence dans la peur, la tourmente et la psychose. La nuit, certaines n’arrivent pas à trouver le sommeil. D’autres disent avoir perdu du poids.

A Konna, notamment, les femmes rencontrées revivent sans cesse les frappes aériennes de l’armée française aux alentours du 10 janvier 2013.

Des conditions de vie difficiles

La plupart se plaignent de l'insalubrité à laquelle elles ne sont pas habituées et d’autres conditions de vie qu’elles trouvent difficiles. Elles n’apprécient donc pas qu’on les voit ainsi.

Afin de les aider à retrouver leur dignité, ces femmes ont besoin d’un soutien psychologique. Cet appui pourrait commencer par l’organisation de discussions qui les pousseront à parler, à raconter leurs difficultés. Ensuite, nous pourrons les appuyer avec des activités génératrices de revenus comme elles en ont exprimé le besoin. »

* Sévaré, Konna et Douentza se trouvent dans la région de Mopti et San dans la région de Ségou.

Propos recueillis par Habibatou Gologo,Coordinatrice Média et communication, Oxfam GB Mali .

Pour plus d'informations visitez http://www.oxfam.org/fr
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Friday, April 5, 2013

Malnutrition aigüe : dépister encore et toujours plus

Par Eric Alain Ategbo, Nutrition Manager, UNICEF Niamey, NIGER

 
 
L’intensification d’un dépistage bien conduit constitue une étape essentielle pour le traitement réussi d’un enfant souffrant de malnutrition aigüe. Passif ou actif, le dépistage peut se faire en formation sanitaire ou au niveau communautaire.
 
Quelque soit la forme qu’elle prend, les acteurs au Niger sont fortement encouragés à intensifier la recherche des cas de malnutrition aigüe et leur référence afin d’assurer une prise en charge effective de la malnutrition au Niger.

Face à la récurrence des crises nutritionnelles auxquelles le Niger est confronté depuis des années, le pays avec l’aide de ses partenaires a mis en place un système de prise en charge de la malnutrition pour les enfants âgés de 6 – 59 mois. Ce système, dont la construction a débuté lors de la crise alimentaire et nutritionnelle de 2005, se renforce de jour en jour, et comporte deux grandes catégories. La prise en charge des cas de malnutrition aigüe modérée d’une part et d’autre part, la prise en charge de la malnutrition aigüe sévère, elle-même subdivisée en deux sous catégories, la prise en charge en ambulatoire des cas de malnutrition aigüe sévère sans complication médicale et le traitement en hospitalisation pour les cas de malnutrition aigüe sévère avec des complications médicales associées.
 
A ce jour, il existe plus de 2000 centres de prise en charge de la malnutrition aigüe au Niger dont 893 destinés au traitement des cas de malnutrition aigüe sévère. De même, plus de 1100 centres sont dédiés à la prise en charge des cas de malnutrition aigüe modérée.
 
Dépistage de la malnutrition au Centre de Santé de Routgouna
dans la ville de Mirriah, Niger (Olivier Asselin / Niger / Unicef)
 
De quelques dizaines de milliers de cas traités par an pendant la période 2005 - 2009, la capacité de prise en charge de la malnutrition aigüe au Niger a rapidement augmenté, pour atteindre plusieurs centaines de milliers de cas traités par an depuis la crise nutritionnelle de 2010. Ainsi, près d’un million d’enfants ont été traités contre la malnutrition aigüe sévère au Niger entre 2010 et 2012 (330.000 en 2010, 299.000 en 2011 et 369.000 environ en 2012). La prise en charge de la malnutrition aigüe modérée a atteint sa vitesse de croisière en 2011 avec en moyenne 460.000 cas traités chaque année.
 
Il importe d’assurer le maintien de ce système qui a fait ses preuves et d’assurer un accès équitable à tous les enfants touchés par la malnutrition. Une identification active et précoce, et une référence effective des cas identifiés vers les centres de prise en charge constituent une chance pour chaque enfant de survivre à la malnutrition aigüe ; cette maladie ayant une forte corrélation avec la mortalité.
Pour que l’effort de dépistage soit bénéfique aussi bien aux enfants qu’au système de santé, il est impératif d’assurer une bonne coordination avec le service de prise en charge dans la localité concernée et de mettre en exergue les cas identifiés qui sont déjà dans le programme de prise en charge, lors de la restitution des résultats.
 
Pour plus d'informations visitez http://www.unicef.org/wcaro/
 

Tuesday, April 2, 2013

A mother waits in exile to return to her village in Mali


By Hugo Reichenberger / UNHCR / in Mentao Camp, Burkina Faso


Aicha is suffering: she is far from her home in the central Malian district of Mopti and she has caught a pulmonary infection, which is compounded by the harmattan, the dusty trade wind that sweeps from the Sahara to the Atlantic coast from November to March.

The 45-year-old and her four children arrived in Mentao Refugee Camp in north-west Burkina Faso less than two weeks after the start on January 11 of the French military intervention in Mali to push back anti-government militants. At first, the fast-evolving situation in Mali raised hopes that many displaced people would be able to go back to their homes soon. But the reality is that thousands have since fled to neighbouring countries – mainly Burkina Faso and Mauritania – to escape the fighting or from fear of reprisals. They need help.

In Burkina Faso, many of those who have fled across the border are ethnic Tuareg and Arab women and children, like Aicha and her young. Their menfolk are staying behind to take care of their cattle, indicating that people are increasingly fleeing out of desperation. New arrivals are met at the border by mobile teams from UNHCR or its partners, and transported to Mentao or Goudebou refugee camps, where they receive assistance, such as hot meals upon arrival and traditional shelter kits, and are individually registered. More than 6,000 have arrived since the French intervention in January.

Aicha's journey to Mentao was not so straightforward. She had resisted earlier chances to flee from her central Mali village, Boni, despite the deteriorating social and economic situation. She felt she had too much to lose.
 
© UNHCR/H.Reichenberger
Aicha (in green) shelters from the sun with relatives in their shelter in Mentao Camp, Burkina Faso.
 
"We are simple people, all we have is our animals and our friends, nothing else, nothing more," Aicha said of her life. But over the past year, things became even harder as war engulfed the country and rebels took over the north and much of the centre of the country. "Our worst fears have now become reality. We left our animals and our friends. We feel we have only fear, no more life," she said, explaining her situation.

The developments in Mali last year took thousands of farming folk like Aicha and her husband by surprise, although inequality between the sub-Saharan people of the south and the Tuareg and Arabs of the north had led to separatist conflict in 1990 and 2007. Most of Aicha's Arab relatives fled to Burkina Faso or Mauritania soon after the fighting first erupted between government soldiers and Tuareg rebels in January last year.

The victorious Tuareg rebels were followed by militants, who imposed strict Islamic law in areas under their control in the north and centre, including Boni. Aicha was not used to such an austere lifestyle, such as having to wear a veil. "Life was difficult in 2012, but it was bearable," she noted. "I would wake up and prepare food for my children before they went out to look after our livestock. I would spend time with my friends when my husband went to Boni to sell some animals. It was correct."

In January, the fighting swung back to the region as the French-backed Malian army advanced north against the militants. Aicha could hear the sounds of war rumbling closer and decided she must flee to save her children. Other villagers were thinking the same and the men clubbed together to hire a truck to take their wives and children to nearby northern Burkina Faso and then on to Mentao, a camp of 11,000 located about 80 kilometres from the border. Some of the villagers of Boni already had relatives there.

But instead of taking them to Mentao, the drivers duped the group of 20 women and children, leaving them at a village 60kms short of their destination after a long and uncomfortable journey without food and water. Luckily, the locals took pity on the refugees and took them by donkey to Mentao.

In response to the spike in new arrivals, UNHCR staff based in the nearby town of Djibo opened a transit centre where refugees stay for two days in newly erected tents (for up to 500 people) before being moved to the camps. More latrines and bathing facilities were built in the transit centre to cope with the extra population.

Aicha and her group, after being stopped by police near Mentao, were taken by UNHCR protection staff to this transit centre, where they were interviewed and registered. "This is a particularly important time for those in categories regarded as most vulnerable, such as female-headed households, said UNHCR Protection Officer Euphrasie Oubda. "They can tell us about things like health problems and trauma and then we can give them the proper care," either directly or through humanitarian aid partners.

Aicha was then moved to Mentao Camp and her own space, where she receives regular visits from UNHCR community services staff. After a week there she felt safe but missed home. There is a small silver living: her four children will go to school for the first time.

"My oldest son, who is 10, has never been to school: he has been a shepherd most of his life," she told visitors. "Although life in Mentao has been better than I thought, life as a refugee is still not a correct life such as the one I had back home," she added, poignantly.
 
For more go to www.unhcr.org
 
 

Tuesday, March 19, 2013

Livelihood interventions save lives and strenghten resilience


By José Luis FERNANDEZ
Senior Regional Emergency Coordinator
FAO’s Sub-regional Emergency and Rehabilitation Office - West Africa/Sahel
FAO Representative Senegal a.i.

The frequency, complexity and scale of crises affecting food and agriculture make it increasingly difficult for smallholder producers to cope and recover each time. That is why disaster risk reduction and resilience – from protecting and strengthening sustainable livelihood systems to bolstering monitoring and early warning to developing institutional capacity to manage risks – figure so prominently in FAO’s strategies and programmes. To build a world without hunger, we need to ensure that vulnerable farmers, fishers, foresters and other at-risk groups are better able to withstand and bounce back from these shocks so they can provide for themselves and their families.

FAO’s first priority is to help crisis-affected farming families – many of whom have lost all of their productive assets such as seeds and livestock – produce their own food and rebuild their lives and livelihoods as quickly as possible. At the same time, FAO’s emergency assistance increasingly supports and feeds into longer-term efforts to reduce risks due to multiple hazards.

 For 2013, FAO is requesting a total of USD 135.3 million for livelihood interventions in the Sahel. To start the operations for the main agricultural campaign (May – October 2013), USD 99 million are immediately required. We need urgent assistance to support vulnerable people in need.

Please visit our website www.fao.org/crisis/sahel/the-sahel-crisis/en/

Thursday, March 14, 2013

Bienvenue à M. Robert Piper, Coordonnateur Humanitaire Régional pour le Sahel


M. Robert Piper, le nouveau Coordonnateur humanitaire régional pour le Sahel, a pris ses fonctions le 7 mars 2013. M. Piper succède à David Gressly.


De nationalité australienne, Robert Piper apporte dans ses nouvelles fonctions 24 ans d'expérience avec l'ONU, dont deux positions de Coordonnateur résident / Coordonnateur humanitaire au Kosovo et au Népal, deux ans en tant que chef de cabinet du Président Clinton lorsque celui-ci dirigeait les efforts internationaux de reconstruction après le tsunami de 2004 dans l’océan Indien, une expérience en tant que conseiller principal pour la réforme des Nations Unies au Siège du PNUD, un passage comme adjoint de ce qui est maintenant le Bureau de la prévention des crises et du relèvement du PNUD et divers postes de longue durée sur le terrain, en Thaïlande, au Cambodge et à Fidji. Son expérience s’étend de la consolidation de la paix à la réduction des risques, au développement et à la coordination humanitaire, toutes activités qui sont particulièrement pertinentes pour les défis complexes qui nous font face dans le Sahel.
 
Pour plus d'informations sur le Sahel visitez http://www.unocha.org/rowca/
 
 

Wednesday, January 30, 2013

Interview with David Gressly, Regional Humanitarian Coordinator for the Sahel

 

By UNOCHA




Learn more about David Gressly

Latest updates on people displaced by the fighting in central and northern Mali, ways to provide humanitarian aid to cut- off communities in Mali, significant changes in the Sahel region since 2012, updates on the Sahel Resilience Strategy and main challenges as the Regional Humanitarian Coordinator for the Sahel.

Dernière mise au point sur les personnes déplacées par le conflit récent au nord du Mali, moyens alternatifs pour que l´aide humanitaire arrive aux communautés isolées au Mali, changements significatifs dans la région du Sahel depuis 2012, nouvelles sur la stratégie de la résilience au Sahel et défis principaux du Coordonnateur Humanitaire Régional pour le Sahel.

Interview in English



 Interview en français





Monday, January 7, 2013

Souffrir de la malnutrition n’est pas une fatalité : la guérison d’Abdoul Aziz


Par Téning SENGHOR, Chargée de Communication Croix-Rouge Française


Dans le Sahel en 2012, 1,1 million d’enfants présentent un risque de malnutrition aiguë sévère et 3 millions un risque de malnutrition aiguë modérée. En 2012 la Croix Rouge (CR) française, avec le soutien financier de la Direction Générale de l'Aide humanitaire et Protection civile (ECHO) et en partenariat avec la CR nigérienne, a mis en œuvre un programme de lutte contre la malnutrition. Outre les activités de prise en charge d’urgence, des interventions à long terme sont nécessaires. L’objectif est de prévenir la malnutrition à travers l’éducation nutritionnelle de la mère et un paquet minimum  d’interventions sanitaires de qualité. Renforcer la résilience nutritionnelle du couple mère-enfant leur permettra de surmonter les situations d’urgence et de retrouver durablement une vie normale.

Lorsqu’on se rend dans les structures de prise en charge des différents cas de malnutrition (modérée, sévère, sévère avec complications médicales), le nombre de mères et d’enfants en attente de soins interpelle. En période de soudure cette l’année avant les récoltes, le personnel des centres de santé, aidé par les volontaires de la Croix Rouge, s’activent à apporter une aide vitale aux enfants malnutris avec l’appui des partenaires qui fournissent les équipements, aliments thérapeutiques et médicaments nécessaires.

Thursday, December 6, 2012

Resilience in simple terms/ La résilience en termes simples 

 Le sahel peut-il sortir du cycle des crises alimentaires ? Quelques réflexions pédagogiques sur la définition de la résilience en matière de nutrition


Par Salimata Wade, Professeur Titulaire de Physiologie et Nutrition Humaine, Université Cheick Anta Diop (UCAD), Dakar (Senegal)


« Les êtres humains, confrontés aux difficultés de la vie, réagissent de façons diverses : les uns cèdent à l’accablement, les autres, mus par une force étonnante, expriment une capacité à résister et à se construire »




Durant les 5 dernières années, malgré l’existence de zones à risque, la production de céréales a augmenté en Afrique subsaharienne (CILSS).
Et pourtant, depuis les années 70, la production alimentaire per capita au Sahel est la plus faible du monde et ne peut nourrir la population toujours croissante.

 Quelques points qui peuvent expliquer en partie la crise nutritionnelle au Sahel
  •  L’agriculture et l’élevage sous-développés et inadaptés
  • Les pertes post récoltes
  • L’augmentation croissante d’aliments importés (blé, riz)
  • La crise alimentaire et financière mondiale récente mais durable
  • L’absence d’industries de transformation alimentaires
  • Les changements climatiques
Satisfation des besoins nutritionnels à travers l´exemple du Sénégal.

Thursday, November 22, 2012

Resilience in Simple Terms- La Résilience en Termes Simples

Que signifie la résilience au Sahel?



 Par David Gressly, Coordonnateur humanitaire régional pour le Sahel 


Dans presque toutes les réunions organisées sur le thème de la résilience auxquelles je participe, les 15 à 30 premières minutes sont consacrées à tenter de définir ce qu’est la résilience. En règle générale, il est convenu que la résilience est la capacité des familles, des ménages ou des communautés à absorber les chocs. Cependant, pour beaucoup de ceux qui n'ont pas assisté à ces réunions, cette définition est encore trop conceptuelle et ne donne pas une idée claire de ce qui doit changer dans la pratique. Pour parvenir à ériger la résilience des ménages et des communautés dans le Sahel, il faut que les personnes concernées comprennent de quoi nous parlons.

A mon avis, c’est en décrivant les conséquences de la sécheresse ou de l’augmentation du prix des aliments sur les ménages vulnérables que l’on clarifie cette question. Bien que d'autres problèmes tels que les inondations et les épidémies peuvent avoir un impact sur les ménages, l'accès limité à la nourriture constitue la grande menace à laquelle ils doivent faire face. L'accès à la nourriture peut être limité en raison, soit d’un déficit de production local, soit d’une augmentation du prix des denrées alimentaires ce qui prive les ménages vulnérables de la capacité d’acheter de la nourriture.

Que font alors les ménages pour survivre à une sécheresse ou à l’augmentation du prix des denrées alimentaires?